Prairie permanente
La prairie permanente est un couvert végétal herbacé installé depuis de nombreuses années. Elle est caractérisée par une grande richesse d’espèces végétales spontanées en équilibre écologique sous l’effet conjoint du milieu et des pratiques agricoles. Ces dernières sont indispensables pour sa pérennité (fertilisation, pâturage et fauche). Elle se singularise des prairies semées par l’absence de travail du sol et la limitation des produits phytosanitaires, ce qui préserve la vie du sol et les nombreuses espèces animales qu’elle abrite. Dans certains contextes, la prairie permanente peut être conduite de manière intensive par une fertilisation minérale élevée, ce qui conduit à un appauvrissement du nombre d’espèces.
La prairie permanente est aujourd’hui reconnue pour offrir une large gamme de services écosystémiques, contribuant à l’alimentation des animaux, à la préservation des sols (érosion, épuration de l’eau), à la régulation du climat (séquestration du carbone), à l’esthétisme des paysages. Ces services écosystémiques, y compris en plaine (accueil d’auxiliaires des cultures et de pollinisateurs) font qu’elle est une ressource essentielle pour la construction de systèmes agroécologiques.
Le terme de prairie permanente recouvre des réalités différentes. Pour les pouvoirs publics, c’est une surface déclarée en herbe de manière ininterrompue pendant plus de cinq ans. Les éleveurs parlent plutôt de prairie naturelle par opposition à celles qui sont semées. Elle fait partie d’un patrimoine, procurant une herbe à faible coût, de qualité et adaptée au terroir. Les chercheurs considèrent que sous nos latitudes la prairie naturelle n’existe pas, ils parlent de prairie permanente conquise sur les surfaces déboisées et entretenues par les pratiques fourragères. L’abondance des espèces et leur diversité sont des indicateurs mobilisés par l’agronome et l’écologue pour caractériser le potentiel agronomique et environnemental.
Enfin, la prairie permanente est une ressource mobilisée dans la construction des produits sous AOP car elle influe sur la qualité des laits, fromages et viandes. Elle couvre un tiers de la surface agricole et représente, dans les massifs montagneux, l’essentiel de l’alimentation des herbivores. En plaine, la mécanisation a réduit sa présence aux milieux à fortes contraintes de pente, de sol ou d’hydromorphie.
Références à explorer
Carrère P., Farruggia A., Zapata E., Theau J. P., Valadier C., Pauthenet Y., Granet P., Sipan O., Rugraff G., Arranz J.-M., Zapata J., Dupic, G., Hulin S. 2015. Valoriser les systèmes d’élevage herbagers par la diversité des services rendus par les prairies à l’échelle de petits territoires en zone fromagère AOP. In: 22. Rencontres autour des Recherches sur les Ruminants. 2015/12/02-03, Institut de l’Elevage, Paris. p. 133-136.
Launay F. (coord.), Baumont R., Plantureux S., Farrie J.-P., Michaud A., Pottier E. 2011. Prairies permanentes : des références pour valoriser leur diversité. Institut de l’Elevage, Paris. 128p. ISBN : 978-2-36343-000-7