Automédication au pâturage
L’automédication au pâturage renvoie à un comportement qui s’appuie sur la capacité des ruminants à consommer des plantes pouvant avoir un effet bénéfique sur leur santé (bioactives). Les métabolites secondaires ingérés peuvent avoir des propriétés prophylactiques ou curatives. Les pratiques des éleveurs, consistant à développer des prairies à flore variée comprenant des espèces spécifiques, favorisent l’automédication. Bien que les connaissances scientifiques sur les pratiques associées soient encore limitées, elles ont aujourd’hui une place croissante dans la recherche. Dans les systèmes pâturant, elles sont susceptibles d’être utilisées comme traitements alternatifs des maladies en élevage.
L’ingestion, par les ruminants, de plantes d’intérêt médicinal, présentes dans les pâtures, joue un rôle positif sur la santé et le bien-être des animaux. Par exemple, il est démontré qu’à niveau suffisant, l’ingestion au pâturage du sainfoin (Onobrychis viciifolia Scop.), riche en tanins condensés, et de la chicorée (Cichorium intybus L.), dont les feuilles sont riches en lactones sesquiterpéniques, participent à la lutte contre les parasites internes gastro-intestinaux des ruminants et à prévenir les cas de météorisation. Toutefois, la mise en pratique nécessite que l’éleveur acquière des compétences spécifiques sur la gestion des pâtures et les processus d’apprentissage au sein du troupeau qui favorisent l’ingestion de ces plantes. Cette pratique n’exclut pas un recours raisonné aux intrants médicamenteux.
L’implantation de ce type de prairie participe à la préservation des sols (agrobiodiversité), à l’optimisation des performances technico-économiques de l’exploitation (diminution des frais vétérinaires et de culture), et à l’amélioration du bien-être et de la santé animale (limitation des intrants médicamenteux). Finalement, cette pratique peut être considérée comme un levier pour la transition agroécologique des systèmes d’élevage en participant à la gestion intégrée de la santé animale et dans une vision plus globale, au principe « One Health ».
Références à explorer
Bareille N., Haurat M., Delaby L., Michel L., Guatteo R. 2019. Quels sont les avantages et risques du pâturage vis-à-vis de la santé des bovins ? Fourrages, 238. pp 125-131.
Dumont B., Meuret M., Boissy A., Petit M., 2001. Le pâturage vu par l’animal : mécanismes comportementaux et applications en élevage. Fourrages, 166. pp 213-238.
Hoste H., Niderkorn V., 2019. Le sainfoin (Onobrychis viciifoliae) et la chicorée (Cichorium intybus) : deux modèles de plantes bioactives pour répondre aux défis agroécologiques en élevage de ruminants. Journées de printemps de l’AFPF, Mars 2019, Paris, France. 15p. hal-02738354